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Lettre d'information – n°36 – septembre 2015

À la une

Les villes et régions sont le terreau des ODD!

Les lumières sont éteintes, les salles de conférence sont vides: le rideau est tombé sur le sommet des Nations Unies qui visait à adopter les Objectifs de Développement Durable (ODD) de l’après-2015. C’est maintenant que commence le travail difficile et ingrat ; c’est-à-dire préparer le terrain pour atteindre ces objectifs d’ici à 2030, brique après brique et même pierre par pierre.
 

Pour la première fois, le rôle clé de nos villes et régions dans le développement a été reconnu par l'ONU et la communauté internationale, non seulement via les objectifs 11 et 16, mais aussi à travers l’ensemble des objectifs. Cette nouvelle ne devrait pas être sans intérêt.

 

En effet, la route vers la réalisation des Objectifs de Développement Durable a commencé il y a de nombreuses années un peu partout dans le monde. Elle a commencé entre les villes de Helsingborg en Suède et Probolinggo en Indonésie ; puis elle a poursuivi son chemin entre la région Rhône-Alpes (France) et la province de Ho Chi Minh au Vietnam; elle a ensuite été renforcée entre Leicester (Royaume-Uni) et Gujarat (Inde), entre Florence (Italie) et Thiès (Sénégal)... Il existe des centaines, voire des milliers d'exemples de villes et régions de tous les continents qui travaillent ensemble, à leur échelle, loin des projecteurs, pour un monde meilleur et plus juste. Des partenariats couvrant les thèmes de la santé, de l’environnement, de l’adaptation climatique, de l’égalité des sexes, des infrastructures locales fleurissent depuis longtemps entre l’Europe et l’Afrique, l’Amérique Latine, l’Asie et l’Extrême Orient, bien avant le sommet de l’ONU sur le développement durable. Chacun de des partenariats a contribué aux Objectifs de Développement Durable avant même qu’ils ne soient adoptés.

 

Réunis lors du sommet à New York le 27 septembre, l’organisation mondiale représentant les villes et les régions déclarait « Tous les ODD sont locaux! ». Une déclaration dans laquelle nous avons ressenti le besoin de souligner que ce sont dans les villes et les régions que vivent les femmes et les hommes, filles et garçons, c’est également là où l’on lutte contre la pauvreté et les inégalités, là où les services de santé et d'éducation sont dispensés... C’est pourquoi, nous demandons à ce que toutes les collectivités territoriales obtiennent les moyens d’améliorer la gestion quotidienne de leur territoire et d’assurer ainsi la mise en œuvre de solutions aux problèmes locaux, car c’est bien là où les ODD entrent en jeu.

 

Visuel extrait de la campagne Twitter de PLATFORMA, en amont du sommet pour l'adoption des SDGs, qui avait pour but d’attirer l’attention d’un vaste public sur la coopération décentralisée.

 

 

Coopération décentralisée: plus personnel, plus rapide, plus efficace

 

Il était une fois, en 2004, une commune belge, Edegem, et une péruvienne, San Jeronimo, qui décidèrent de se lancer dans un projet de coopération concernant l’énorme marché quotidien (2000 petits producteurs) à San Jeronimo. La taille du marché avait bien évidemment un impact économique et environnemental sur la ville ; il créait aussi des problèmes pour les services publics locaux (embouteillages, pollution, risques pour la santé publique, collecte des déchets…). Des fonctionnaires et experts des deux communes se mirent donc au travail ensemble pour trouver des solutions durables. Avec comme résultats : aujourd’hui plus de deux tonnes de déchets organiques sont collectés quotidiennement et traités dans le nouveau composteur communal ; San Jeronimo a obtenu le label de « municipalité éco-efficace », enfin un accès plus facile au marché et des rues propres ont provoqué une augmentation du nombre de producteurs au marché, ce qui contribue à la croissance économique locale. A noter aussi que toutes les mesures ont été prises en consultation avec des acteurs locaux. En bref, la plupart des Objectifs du Développement Durable de l’après-2015 sont déjà mis en œuvre à San Jeronimo, et ce à un coût minimal (€60.000).

 

Imaginez maintenant des centaines de milliers de villes dans le monde travaillant ensemble dans le même esprit ; c’est ainsi que nous arriverons aux Objectifs du Développement Durable.

 

Bien entendu, une question demeure: que faut-il pour que les collectivités territoriales permettent de concrétiser les ODD ?

 

Les collectivités locales sont les véritables experts en matière de développement local. Nos villes et régions doivent dès lors multiplier les échanges d’information, d’expertise et d’expérience afin de trouver les joyaux susceptibles d’être partagés. C’est ici qu’entre en scène PLATFORMA, le réseau des villes et régions d’Europe pour le développement, et ses associations actives dans le domaine de la coopération au développement. Via ses 34 partenaires, sa raison d’être est bien de constituer le lien entre les villes actives ou désireuses de l’être dans la coopération décentralisée. Par le biais d’événements et publications, d’échanges d’expérience, PLATFORMA agit comme le ciment qui unit la coopération aux niveaux local et régional. Il existe des centaines d’exemples, comme illustré par notre campagne Twitter durant le récent Sommet de New York, pouvant être une source d’inspiration.

 

Nous, villes et régions, nous savons aussi que les projets locaux doivent, pour réussir, inclure la plus vaste gamme de partenaires. C’est pour cela que nous nous travaillons avec le secteur privé, les ONG, la société civile en général, puisque tout dans les villes et les régions a un impact sur ces acteurs, et puisque les autorités locales ont besoin de leur expertise et de leurs connaissances.

 

Les faits démontrent aussi que la coopération aux niveaux local et régional est le meilleur investissement possible pour les ODD puisqu’elle n’a pas d’intermédiaires, que ses objectifs sont réalistes et mesurables, et que leur nature purement locales signifie plus d’efficacité avec des sommes d’argent moindres, et un impact accru. Cependant, améliorer l’accès à l’eau ou l’éducation, améliorer l’administration locale ou poser des panneaux solaires nécessite des ressources financières. Peut-être dans certains cas les partenariats public-privé peuvent aider, mais il semble assuré que la plupart des projets ont besoin de ressources supplémentaires. C’est pourquoi, à New York j’ai plaidé pour la préparation et l’adoption d’un code de conduite entre collectivités locales et gouvernements nationaux en matière de responsabilités et de financements. Il s'agit en fait d'habiliter les villes et régions à identifier leurs besoins propres, et de leur donner les moyens de remédier à ces besoins et  de mettre en œuvre les politiques locales dans le cadre des ODD. Ce code de conduite pourrait être adopté à Quito à la conférence Habitat 3 en 2016.

 

En fin de compte, les dirigeants de ce monde et les organisations internationales ont reconnu le rôle clé des villes et régions pour atteindre les Objectifs de Développement Durable; ils se sont aussi engagés à investir dans ces ODD. L'avenir nous dira s'il s'agissait de promesses de bonne foi.

 

PLATFORMA aura donc un double rôle à jouer. D'une part, agir en faveur des ODD en mettant une coopération décentralisée efficace au service des plus vulnérables de notre planète; et d'autre part, via ses membres, faire savoir aux gouvernements nationaux et organisations internationales que nous leur rappelleront leurs promesses si besoin. A Paris lors de la COP21, à Quito avec conférence HABITAT III, de partout, chaque jour.

 

Frédéric Vallier

 

Secrétaire général du CCRE*

 

*Le CCRE est le partenaire principal de PLATFORMA  - LA voix européenne des villes et régions pour la coopération au développement.

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